L'emploi du tracteur 11 en Charentes ayant donné d'excellents résultats, les C.F.D. envisagèrent de passer à la puissance supérieure en transformant une locomotive en engin thermique. Cette décision avait été provoquée par le cas particulier du réseau de Saône-et-Loire, dont le trafic le plus important était cantonné sur la section de 10 Km joignant Digoin à Gueugnon, d'où les Forges expédiaient vers ce point de transbordement un tonnage très important. La faible distance et les tarifs réduits spéciaux pratiqués militaient pour l'emploi d'un système de traction plus économique. L'exemple charentais ouvrait naturellement la voie à cette opération. M. Strobino, Chef du dépôt de Toulon-sur-Arroux fut donc prié de présenter un projet et de choisir une locomotive dont l'importance des travaux pour sa remise en état présenterait une dépense inconsidérée. Ce fut ainsi que la machine 204 fut choisie et que son démontage fut effectué, le châssis raccourci et le bissel avant déposé. Ces opérations s'effectuèrent au cours de l'année 1936.
Description du tracteur prototype n° 204 de Saône-et-Loire
La disposition de ce tracteur était identique à celle du tracteur 11 c'est-à -dire capot moteur à l'avant, cabine centrale et réservoir à carburant et auxiliaires à l'arrière, principe retenu pour l'ensemble de la construction des ateliers C.F.D.
Le moteur choisi fut d'un type spécial fabriqué par la C.L.M. Du type DV 85 Diesel à 6 cylindres de 150 CV, il fut livré avec un important délai retardant la sortie de l'engin jusqu'en 1939. La transmission, du type MINERVA, commandait l'essieu médian, relié par bielles aux deux autres, par l'intermédiaire d'un pont moteur et d'une boîte de vitesses à 6 rapports avec inverseur.
La cabine plus largement dimensionnée que celle du 11, possédait un ensemble de 10 baies (3 sur les faces avant et arrière et 2 sur les faces latérales dont une sur la porte battante) permettant une très large vision.
Le plus grand encombrement du moteur n'avait pas permis de placer les portes d'accès de la cabine sur la face avant et celles- ci étaient reportées à l'arrière des faces latérales. Des rambardes et une main-courante placée à l'avant protégeaient la plateforme d'accès aux portes de visites du capot moteur. Ce dernier avait une calandre droite.
La décoration était identique à celle du tracteur 11 et l'on avait conservé les plaques d'immatriculation et le marquage des traverses de la locomotive primitive. Le monogramme de la compagnie avait été placé à la partie supérieure de la calandre.