Les locomotives avec essieu porteur à l'avant ; type Charente

Les locomotives avec essieu porteur à l'avant ; type Charente

Malgré l'emploi d'un essieu porteur arrière sur leurs machines, les C.F.D. constataient qu'il se produisait un à-coup préjudiciable aussi bien à la voie qu'à la stabilité du véhicule lorsque celui-ci abordait les courbes serrées.

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Ils décidèrent donc d'expérimenter deux nouveaux modèles de locomotives construites par la S.A.C.M. de Belfort :

  • type Mallet à deux groupes articulés de deux essieux et employant le système de fonctionnement compound.
  • type à 3 essieux accouplés avec essieu porteur à l'avant et employant le système de fonctionnement à simple expansion.

Appartenant au second modèle, après la fourniture d'un prototype et d'une présérie, le type Charente fit l'objet de deux commandes complémentaires, l'une à maison Cail et l'autre chez Saint-Léonard (Belgique), en raison de l'encombrement des usines des constructeurs Français. On en profita pour l'améliorer en vue d'augmenter ses performances.

Locomotive prototype Charente n° 49, lors de son affectation au dépot de Ligueil. Ici, en gare de Louans
Locomotive prototype Charente n° 49, lors de son affectation au dépot de Ligueil. Ici, en gare de Louans

Description de la locomotive type Charente

Ce nouveau modèle de machine correspondait au type 89 du constructeur et ses caractéristiques générales se rapprochaient de celles des locomotives type Yonne. Elles n'en différaient que par la position de l'essieu porteur à boites radiales remplacé par un bissel et placé à l'avant permettant d'absorber les chocs à l'entrée des courbes, ainsi que par une chaudière un peu plus longue lui assurant une surface de chauffe légèrement plus élevée. Les autres éléments étaient pratiquement identiques (distribution Walschaert, prise de mouvement sur le 3ème essieu, soupapes à balance, etc.), mais la porte de boite à fumée était ronde et donnait à ce modèle une allure plus moderne.

L'abri, fermé sur les quatre côtés, présentait sur ses faces avant et arrière deux hublots rectangulaires à visière et une large ouverture sur ses faces latérales.

La décoration était identique à celle des séries précédentes (vert olive et filets rouges) mais le marquage était matérialisé par l'apposition d'une plaque ovale, comme sur la série Yonne, au milieu des caisses à eau. La plaque ovale du constructeur était fixée sur les mêmes caisses à eau à l'aplomb de la face avant de l'abri. Les traverses avant et arrière portaient en jaune sur fond rouge, à gauche le signe C.F.D. et à droite l'immatriculation de la machine. Un liseré jaune bordait ces traverses.

Locomotive type Charente 65-67. Ici, la n° 67 à sa sortie d'usine
Locomotive type Charente 65-67. Ici, la n° 67 à sa sortie d'usine

Les locomotives de la seconde commande (type 101 du constructeur) avaient une chaudière pratiquement identique et l'on avait simplement augmenté légèrement la course des pistons et le diamètre des roues pour en augmenter leur vitesse. La capacité des caisses à eau avait été presque doublée au détriment de celle de la soute à combustible.

Ces machines étaient peintes en noir et leur numéro figurait sur une plaque fixée sur la base et de chaque côté de la cheminée. La compagnie fit apposer, dès leur livraison, à la peinture jaune rechampi de rouge, son sigle et le numéro d'immatriculation sur les caisses à eau. Les traverses avant et arrière reçurent le même marquage que la série précédente.

Celles de la troisième série (type 6 GT du constructeur) possédaient une chaudière de mêmes dimensions, mais leur nombre de tubes n'était plus que de 104 au lieu de 113 sur les livraisons précédentes, diminuant légèrement leur puissance de vaporisation. Les soupapes à charge directe avaient été reportées sur le foyer. Le diamètre de leurs roues avait été augmenté pour atteindre 0,920 m favorisant la vitesse au détriment de l'effort de traction. Leur poids passait de 17,2 t à 19 t à vide.

Locomotives type Charente, série 65-67, en double traction en gare d'Angoulême ETAT.
Locomotives type Charente, série 65-67, en double traction en gare d'Angoulême ETAT.

Cette série avait reçu une livrée verte très foncé et le marquage avait été réalisé de la façon suivante :

  • plaque ovale comportant le nom de la compagnie et l'immatriculation de la machine fixée sur les caisses à eau ainsi que la plaque ovale du constructeur.
  • sur les traverses avant et arrière, l'immatriculation portée de part et d'autre du tampon central pour les machines 85 et 86 ; le sigle CFD à gauche et l'immatriculation à droite pour la 84, ceci dans un but d'harmonisation des marquages sur chaque réseau, (inscriptions blanches sur fond rouge).

Ce fut d'ailleurs la raison pour laquelle la machine 49 reçut, lors de son affectation à Ligueil, la mention « N° » à gauche du tampon central et l'immatriculation à droite.

Livraison et affectation de la locomotive type Charente

La première série des locomotives type Charente

La première série, composée de 4 unités dont :

  • 1 prototype n° 49
  • 3 unités de présérie n° 50 à 53 fut livrée comme suit :
  • le prototype fut expédié pour essai à Egreville. On lui fit tracter un convoi de 45 t à la vitesse de 30 km/h en palier. Après plusieurs essais, on ne put atteindre une plus grande vitesse avec la même rame. En exploitation normale, il était courant de lui faire remorquer une charge de 401 à la vitesse de 20 km/h en rampe de 30 °/°°. La Compagnie, qui avait fondé des espoirs sur ce type de machine pour procéder à la diminution des temps de parcours, dut revoir complètement son programme d'équipement. Une étude, tirée des enseignements obtenus au cours de ces essais, aboutit à la définition d'un nouveau modèle baptisé type 200.
Locomotive 130 type Charente n° 65 en tête d'un train de voyageurs en gare de Pernay, sur la ligne de Fondettes à Rilé-Hommes pendant son détachement sur le réseau Nord d'Indre-et-Loire
Locomotive 130 type Charente n° 65 en tête d'un train de voyageurs en gare de Pernay, sur la ligne de Fondettes à Rilé-Hommes pendant son détachement sur le réseau Nord d'Indre-et-Loire

La 49 fut mutée au dépôt d'Angoulême pour compléter le parc de la ligne charentaise, après le départ des machines 4-5 en Corse. Le 4 juillet 1907, elle fut détachée au dépôt de Ligueil en vue de l'ouverture de la section de Montrésor à Ecueillé, le matériel de traction prévu n'ayant pas encore été réceptionné. En fait, la locomotive destinée à cette ligne ayant été affectée à Mortcerf, la 49 resta définitivement attachée à Ligueil. Elle y assura du service jusqu'en 1939, date à laquelle elle fut mise en réparation différée. Remise en état en 1949, elle fut vendue à la Société de Construction des Batignolles qui l'expédia au Cameroun pour concourir aux travaux du port de Douala.

  • Les machines 50 à 52 furent affectées au dépôt d'Angoulême où elles assurèrent le service de la ligne de Rouillac, puis de Matha jusqu'à sa fermeture, excepté la 50, transformée en locotracteur Diesel par les Ateliers de Saint-Jean-d'Angély, en 1941.
Locomotive 130 Saint-Léonard n° 84 au dépot de Mortcerf
Locomotive 130 Saint-Léonard n° 84 au dépot de Mortcerf

La deuxième série des locomotives type Charente

Les locomotives Cail de la seconde série, numérotées de 65 à 67 furent également attachées à la ligne de Matha à Angoulême et utilisées en pool avec les 50-52. Quatre unités étaient affectées au dépôt d'Angoulême et deux à l'annexe de Matha.

La machine 65 fut détachée au dépôt de Rillé-Hommes du 4 juillet 1907 au 7 janvier 1911, pour assurer le trafic de la section de Rillé-Hommes à Fondettes, dans les mêmes conditions que la 49. Elle remorqua le train d'inauguration de cette ligne le 1er août 1907.

Ces locomotives restèrent en service jusqu'à la fermeture de la ligne en mars 1950.

La troisième série des locomotives type Charente

Les machines de la troisième série, de construction Saint-Léonard, immatriculées de 84 à 86, avaient été commandées pour équiper les deux lignes de Rillé-Hommes à Fondettes (2 unités) et de Montrésor à Ecueillé (1 unité). Ne trouvant pas de constructeurs Français pour exécuter cette commande et obligés de s'adresser à l'étranger, les C.F.D. ne purent fournir ces unités à temps pour l'ouverture des lignes et nous avons vu plus haut qu'ils mutèrent deux unités du dépôt d'Angoulême pour pouvoir faire face au service. Lorsque les machines prévues furent enfin disponibles, d'autres besoins se firent sentir et deux locomotives rejoignirent effectivement le dépôt de Rillé-Hommes : les 85 et 86, libérant ainsi la 65.

Ces deux unités furent cantonnées sur la section de Rillé-Hommes à Fondettes, en raison de leur poids élevé. Elles furent garées en 1932 (n° 86) et 1922 (n° 85) pour cause de trafic insuffisant et ne reprirent du service qu'à partir de 1941, jusqu'à la fermeture du réseau, huit ans plus tard.

La troisième (n° 84) fut finalement affectée au dépôt de Mortcerf pour renforcer le parc de la ligne de Lagny et la 49 resta en Indre-et-Loire.

La 84 resta en service sur la ligne de Lagny jusqu'à sa fermeture en 1934, puis fut remisée à Mortcerf en attente de vente. Celle-ci ne se réalisa que le 19 janvier 1944 : elle fut acquise par M. Grimault négociant en véhicules automobiles à Evreux qui la fit expédier à son dépôt parisien.

TABLEAU DE LIVRAISON DES LOCOMOTIVES TYPE CHARENTE
N° C.F.D. N° de Con. Constructeur Année Constr. Date de livraison Date de mise en service Observations
49 4084 SACM Belfort 1889 02.07.89 12.08.89 Vendue 1949
50 4085 1889 07.10.89 31.10.89 Tracteur 50
51 4086 1889 07.10.89 31.10.89 Réforme 1951
52 4087 1889 07.10.89 31.10.89 Réforme 1951
65 2460 CAIL Denain 1895 27.08.96 08.02.97 Réforme 1951
66 2461 1895 27.08.96 08.02.97 Réforme 1951
67 2462 1895 27.08.96 08.02.97 Réforme 1951
84 1645 Saint-Léonard 1910 04.10.10 10.11.10 Vendue 1944
85 1646 1910 04.10.10 21.11.10 Réforme 1951
86 1647 1910 04.10.10 21.11.10 Réforme 1951

source : MTVS 1988-4

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