D'une boite deux solutions
Dans le courant de l'année 1961, la S.N.C.F. avait passé commande, pour des locotracteurs diesel de 150 CH effectifs, de 35 boites de vitesses ZENS en supplément des 45 commandées en 1960.
Cette boite fût conçue par M. Pierre ZENS, Directeur Général de la Cie de Chemins de Fer Départementaux, tout d'abord pour des locomotives diesel destinées aux diverses lignes du réseau C.F.D. ; et fabriquée aux Ateliers C.F.D. de Montmirail où des locomotives diesel ont été construites entièrement non seulement pour les lignes C.F.D. mais aussi pour l'industrie privée.
Deux idées maîtresses guidèrent l'élaboration de cette boite. La première fût d'obtenir un changement de vitesse n'impliquant pas une perte subite de l'effort de traction de la locomotive à chaque passage ; la seconde fût celle d'une boite convenant principalement aux locomotives plutôt qu'aux autorails, et qui puisse être par la suite adoptée pour des puissances assez considérables.
La résolution du problème conduisit au modèle de boite de vitesse dénommé " ASYNCHRO" ; la seconde condition ayant été satisfaite par la construction de locomotives de 800 CH effectifs convenant aussi bien à un service de ligne qu'à la plus pénible man?uvre, bien que, en conséquence particulière de la commande S.N.C.F, des 80 boites, la plupart des nombreuses transmissions en service sont utilisées à moins de 400 CH.
Probablement plus que toute autre boite de vitesse, la boite ASYNCHRO a été conçue spécialement comme élément d'une locomotive complète, et dessinée par les mêmes techniciens.
A l'origine furent construites des petites locomotives à 2 et 5 essieux, mais les C.F.D. ont orienté leur activité vers la construction de locomotives plus importantes destinées à la traction sur plusieurs de leurs lignes, et les développements postérieurs de la locomotive et de la transmission furent considérés comme une question unique.
Il apparut nécessaire d'éviter toute grosse rupture de l'effort de traction pendant le changement de démultiplication afin d'éliminer les chocs et les à-coups dus à l'attelage non rigide des wagons ; afin également d'assurer une traction continue essentielle pour les locomotives de 25 à 30 tonnes et plus et de 300 à 400 CH de puissance effective qui étaient envisagées.
De plus, avec une transmission mécanique, la vitesse du moteur est proportionnelle à la vitesse de marche à chaque rapport de démultiplication, et il fallut songer à pouvoir désolidariser le moteur des roues motrices, par exemple lors du passage des vitesses ou lors d'un tamponnement un peu brutal, ce qui fût obtenu par l'introduction d'un système de roue libre entre boite de vitesse et essieu moteur, dispositif ayant en outre d'autres avantages comme celui d'empêcher tout surmenage du moteur. Finalement un modèle à cage contrôlée par ressort fût adopté de préférence au type à rouleaux plus classique ; et un coupleur hydraulique fût intercalé aussi dans la transmission pour obtenir un démarrage progressif et éliminer l'usure de l'embrayage.